lundi 31 janvier 2011

vendredi 28 janvier 2011

Créer, c'est résister. Résister, c'est créer.

Par delà le succès mais aussi les indignations que suscite l'opuscule de Stéphane Hessel (à gauche) – qui aurait peut-être dû se limiter à une réflexion sociétale et à portée universelle –, je ne saurais trop recommander le dernier chef-d'œuvre d'indignation qu'est le dernier roman de Philip Roth (à droite). L'indignation à l'estomac, pour paraphraser Gracq. « ... je chantais dans ma tête le plus beau mot de la langue anglaise : « In-di-gna-tion »» Mais qu'on le lui donne, ce Nobel, à Roth !

Indignez-vous !, Stéphane Hessel, Indigène Editions, décembre 2010.
Indignation, Philip Roth, Gallimard, septembre 2010.

dimanche 23 janvier 2011

Proust-toi d'là qu'j'm'y miette

A une époque où tout va de plus en plus vite, je propose ici un digest de l'œuvre référence de Marcel Proust, version zippée pour briller dans les dîners, sachant que personne ne l'a lue mais que tout le monde est en droit d'en parler (ce qui me rémémore cette réponse de Yves Bonnefoy, le poète, dans une interview : Je n'ai pas compris votre question mais ça ne va pas m'empêcher d'y répondre).
LONGTEMPS JE ME SUIS COUCHÉ DE BONNE HEURE* [...] ET TOUT D'UN COUP LE SOUVENIR M'EST APPARU. CE GOÛT C'ÉTAIT CELUI DU PETIT MORCEAU DE MADELEINE** [...] ALBERTINE AVAIT UNE PRONONCIATION SI CHARNELLE ET SI DOUCE QUE, RIEN QU'EN VOUS PARLANT, ELLE SEMBLAIT VOUS EMBRASSER*** [...] MME VERDURIN LUI DEMANDA : « AVEZ-VOUS PRIS DE MON ORANGEADE ? »**** [...] TOUT LE MONDE EST TOUJOURS PRESSÉ, ET ON PART AU MOMENT OÙ ON DEVRAIT ARRIVER***** [...] CE QU'ON AIME EST TROP DANS LE PASSÉ****** [...] DANS LE TEMPS*******.

* Du côté de chez Swann
** A l'ombre des jeunes filles en fleurs
*** Le Côté de Guermantes
**** Sodome et Gomorrhe
***** La prisonnière
****** Albertine disparue
******* Le Temps retrouvé

L'infra-visible #02

Profitant du repos dominical et de croûtons de pains, j'ai préparé du pain perdu. Perdu comme le temps de Proust dont j'extrais cette phrase qui accompagnera très bien cette chronique de l'infra-visible : « ...j'essayais de trouver la beauté là où je ne m'étais jamais figuré qu'elle fût, dans les choses les plus usuelles... ». Dont les petits hasards de la vie. Et je reviens donc là au pain perdu dont je cherchais une recette à défaut de trouver la recette. J'ouvre donc un premier recueil de desserts au titre prometteur Au plaisir des desserts (Editions Soline, 1994, traduit de l'anglais) – sous-titré Recettes légères et succulentes des années quatre-vingt-dix – qui m'envoie en page 60 pour la recette du pain perdu. Il est toujours bon de comparer a minima deux recettes d'une même préparation : j'ouvre donc un ouvrage récent au titre non moins prometteur, Le Meilleur des desserts (Editions Hachette, 2009), écrit en collaboration par une cuisinière de référence, Françoise Bernard, et un pâtissier de renom, Sébastien Gaudard. Et où la table des recettes ne m'envoie-t-elle pas pour la recette du pain perdu ? En page 60 ! Je n'ai pas risqué de rompre le charme d'un tel hasard en ouvrant un troisième livre de cuisine.

jeudi 13 janvier 2011

The New Yorker, janvier 2011

samedi 8 janvier 2011

En exclusivité pour les lecteurs de ce blog, la collection complète des stylos Bic 4 couleurs

United colors. Made in France sur le corps du stylo, c'est un message marketing ? 2,50 € le stylo, donc 62,5 cents seulement la couleur.

De nos jours, dès qu'on meurt on n'existe plus

Force est de constater que le dernier CD, post mortem, de Michael Jackson est un flop. Déjà oublié et (peut-être) enterré, Bambi. Il en va ainsi de tout people. Une nécro et ciao. En ces temps fugaces, ne vaut que le culte du vivant. "Dès que quelque chose disparaît, il est immédiatement remplacé par quelque chose de nouveau" (Andrzej Stasiul, Neuf). Nous sommes loin de la Chambre verte de Truffaut. Rendus au limbes de l'oubli, donc, les monstres du cinéma – de leur temps – tels des Gabin, des Fellini ou des Montand, balayés les présentateurs TV mis à l'ombre des sunlights ou les princesses du peuple, épuisés des catalogues les auteurs morts, et j'écoutai ce jour sur les ondes que le cimetière de Jarnac ne fait plus recette. L'œuvre qui n'est plus portée par son auteur est une œuvre morte, elle aussi.
Mais aussi, parfois, cet étonnement (Non ??! Tu es sûr ?) d'apprendre que tels éléments de notre paysage audio-visuel ont disparu depuis plusieurs mois, quelques année, sans qu'on l'ait su. Ils renaîtront une fois peut-être, dernier soubresaut en guise d'hommage, avec la voix off et monocorde de tel présentateur hagiographe et romantique, sur des images noir et blanc traitées archives, accompagnées de la musique du Mépris. Le temps restera suspendu quelques instants. On reviendra quelques années en arrière. Une petite bouffée de passé avant de replonger dans l'actu.
Il faut de la place pour les autres, pour les vivants car tout va, passe et lasse toujours plus vite, car l'offre est pléthore, car déjà Stefani Joanne Angelina Germanotta (alias Lady Gaga) pousse Madonna vers la sortie, car il faut déjà passer à la fibre optique, car les mises à jour se succèdent sur un rythme exponentiel et que, dans une société où tout reste en suspension, où rien ne sédimente, ne laisse trace, il n'y a dès lors plus de place pour la mémoire. ni le culte des morts. Continûment, nous passons à autre chose – on appelle aussi cela l'ennui. Le temps moderne, c'est la fuite du temps. C'est le présent seul. Le roi est mort ? Vive le roi.