Il semble que personne ne soit venu depuis longtemps sur la tombe de l'écrivain Frédéric Berthet (1954-2003). Les pensées artificielles – Berthet appréciera, où qu'il soit – seul élément floral et décoratif, résistent bien. Pensées passées, cependant. Jean Jourdy, son voisin de gauche, et Michel Cordes, à sa droite, savent-ils qu'ils côtoient l'auteur de Daimler s'en va (1989), Felicidad (1993) ou Paris-Berry (1993) ? ”Je n'arrive pas à croire à la mort", écrivait-il dans une lettre à Roland Barthes. Pareil : et j'ai bien du mal à croire qu'il soit là, sous ce crépi qui s'écaille.
C'est un dimanche d'août, comme dirait Modiano. Une Simple journée d'été, pour reprendre le titre d'une nouvelle de Berthet (1986). Pas âme qui vive (pardon) en ce cimetière d'Oullins, Rhône. Je suis le seul visiteur au milieu d'un après-midi écrasé de soleil. J'ai un peu chaud car je suis venu à vélo. Je fais une photo devant la concession E162. La prochaine fois, j'emmènerai des fleurs, des vraies.