dimanche 24 octobre 2010

Mais qui lit Wilhelm Genazino ?

Le dernier opus de Wilhelm Genazino est paru en France : Le bonheur par les temps éloignés du bonheur (Das Glück in glücksfernen Zeiten, 2009). Pas d'article dans Lire ni Télérama. Je passe donc à la Fnac : aucun ouvrage en exposition et seulement trois exemplaires en rayon. Je repasse une semaine plus tard : les deux exemplaires que j'ai laissés sont toujours là. Pas d'exemplaire chez Virgin ni dans la deuxième Fnac de la capitale des Gaules. Certes, il reste encore quatre ou cinq autres bonnes librairies en centre ville que je n'ai pas encore trouvé le temps de visiter mais, sur ce premier constat, je conclus que je suis ici le seul lecteur de Genazino.

Aussi ai-je dans l'instant l'immense honneur d'appeler à la fondation d'un mouvement en faveur de la connaissance et de la promotion de cet auteur allemand né en 1943 et qui reçut en 1997 le prix Georg Büchner, l'équivalent allemand de notre Goncourt. Qui le lit me suive !

Le titre superbe du dernier ouvrage paru (Cf. photo) résume à lui seul le côté rêveur, ironique, décalé, drôle et poétique de Genazino,
ce que traduit fort bien Raphaëlle Leyris (Les Inrockuptibles) au dos de la jaquette : « Il a le désespoir guilleret, Wilhelm Genazino. Une façon légère et pétillante de poser sur le monde son regard mélancolique. C'est cet élégant mélange des prétendus contraires qui donne un charme fou, presque envoûtant, à la voie de cet écrivain allemand. » 

Remercions les éditions Bourgois qui traduisent son œuvre en français (traduction intégrale de Anne Weber). Quatre autres titres ont été publiés : Ein Regenschirm für diesen Tag (Un parapluie pour ce jour-là, 2001) ; Ein Wohnung, eine Frau, ein Roman (Un appartement, une femme, un roman, 2003) ; Die Liebesblödigkeit (La stupeur amoureuse, 2005) ; Mittelmaßiges Heimweh (Léger mal du pays, 2007).
Il faut aller outre-Rhin pour trouver (peut-être) Laslinstrasse (1965), Abschaffel-Trilogie (1977-1979), Der Fleck, die Jacke, die Zimmer, der Schmerz (1989, Die kassiererinnen (1998) ou Der gedehnte Blick (2004).

Si je dois rapprocher Genazino d'auteurs français, mes premières pensées vont à Emmanuel Bove, Jean de la Ville de Mirmont, Jean Forton et, pourquoi pas ?, au Henri Calet de L'Italie à la paresseuse.

Une assiette gourmande pour vous tenter ? :

"En réalité, une fois de plus, je ne comprends pas très bien comment je suis sensé m'y prendre sur terre. Par chance, je ne prends pas de drogues et ne bois pas." (Léger mal du pays)
"Secrètement, je condamnais les gens réunis autour de la piscine parce qu'ils ne lisaient pas de livres mais seulement des magazines illustrés." (Un appartement, une femme, un roman)
"Le malheur est ennuyeux." (Un parapluie pour ce jour-là)
"Maintenant, je pénètre dans le couloir de l'appartement et je prononce à la même phrase que ma mère à l'époque : Laisse-moi donc arriver d'abord !" (ibid.)
"Les personnes qui, dès le matin, se promènent avec plus de deux sacs plastiques pleins paraissent vulgaires." (La stupeur amoureuse)
"Vieillir n'est qu'un autre mot pour mauvaise volonté." (ibid.)

Bonne lecture.

PS : depuis le 17 novembre 2010, nous sommes deux (2) à avoir lu Genazino ! Et je recommande donc ici le site de Laurent Margantin : http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article70

1 commentaire:

  1. Je vous rassure, il y en a un autre: http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article700

    RépondreSupprimer